
Les fiançailles
Pour dire vrai, j’avais une idée de ce qui allait se passer.
C’est en janvier qu’on avait d’abord planifié un voyage à Whistler en Colombie-Britannique. Une sortie pour acheter nos bagues de fiançailles peu avant le voyage a été un premier indice.
Autre indice : le désespoir de réaliser ces plans de voyage tel que prévus.
Lorsqu’on on a finalement appris qu’il faudrait remettre le voyage à cause du variant Omicron , l’urgence de trouver une nouvelle date de réservation a été un autre signe.
Avant le voyage, je m’étais fait dire qu’il y aurait une séance de photographie, ce qui est plutôt normal pour nous en voyage. Mais, curieusement, j’ai appris qu’il me faudrait un nouveau manteau pour cette séance. Voilà un autre signal.
Le jour de la séance de photos avait été reporté encore une fois au 19 mars 2022 (il avait été remis une première fois en raison du mauvais temps).
Stéphane a fait tout ce qu’il pouvait pour garder l’élément de surprise, en insistant même sur le trépied qu’il ne faudrait pas oublier d’apporter.
J’avais l’impression que ce serait enfin le grand jour.
Jusqu’au moment où on est arrivés sur les lieux. C’est là que Stéphane m’a annoncé qu’il avait retenu les services d’une photographe professionnelle. J’ai alors su avec certitude que le moment de poser la question était arrivé.
Nous étions au Nicklaus Golf Course à Whistler. L’endroit lui avait été suggéré par Angie Gallantune photographe locale qu’il avait repérée et dont il avait retenu les services pour l’occasion.
Elle avait trouvé l’endroit parfait pour prendre de superbes photos. Le curieux blizzard s’était éclairci et le soleil est apparu au moment où nous arrivions sur le site. Voilà un autre signe qui confirmaitr notre vie à deux et le destin qui nous avait réunis.
On a suivi Angie le long d’un chemin bordé d’arbres jusqu’au lac Green. Sa surface était gelée, ce joiur-là, alors que, durant les mois d’été, sous les rayons du soleil, ses eaux étaient émeraude, ce qui expliquait son nom.
En chemin, cet après-midi-là, nous avons aperçu une femme qui promenait ses chiens au bord du lac. Des chiens vraiment gentils qui présageaient la scène où nous poserions avec eux, nous les amateurs de chiens.
On a commencé à prendre quelques photos. On était dans l’atmosphère. Il était 15h15, heure du Pacifique. La photographe s’est éloignée pour installer une lentille plus longue sur son appareil-photo.
« Je vais prendre quelques photos plus spontanées. Vous pourriez juste jaser entre vous ». C’était apparemment le signal pour Stéphane.
On savait qu’on allait se fiancer. On y avait beaucoup pensé tous les deux. Nous avions tous les deux une idée de ce que nous allions dire, le moment venu. Malheureusement, ces mots nous ont échappé ce jour-là. Stéphane a essayé de dire quelques mots sur combien il tenait à moi. Il voulait vivre avec moi pour le reste de ses jours. Des mots que nous avions échangés bien des fois avant aujourd’hui.
Mais les mots exacts se sont perdus dans l’intensité du moment. Déjà tout oubliés. L’émotion avait pris le dessus.
De beaux nuages ponctuaient le ciel bleu et on apercevait les monts Fitzsimmons si majestueux dans cette ville de Whistler qui nous entourait. Les seuls mots qui comptaient à cet instant-là, alors qu’il s’agenouillait : « Veux-tu m’épouser », suivis promptement par mon « OUI ». Il a glissé la bague que nous avions achetée ensemble sur mon doigt. J’ai fait le même geste pour lui. On a scellé ce moment en se tenant dans les bras et en s’embrassant.
C’était mon conte de fée, mieux et plus merveilleux encore que j’avais pu me l’imaginer, qui était devenu la réalité.
On a continué à prendre beaucoup de photos, en montrant les bagues autour de nos doigts. Des photos où on s’enlaçait. D’autres où on s’embrassait. D’autres où on se regardait simplement dans les yeux. C’était facile à saisir puisque notre amour était si réel.
En chemin vers le stationnement, les mêmes chiots se sont approchés de nous pour nous féliciter.
Pour le souper, Stéphane avait fait une réservation pour nous au restaurant Table 19 au club de golf. Mais nous avions encore une heure à attendre. Nous nous sommes rendus à la base 2 du Centre de ski de Whistler pour faire l’appel vidéo avec mes parents devant un bel arrière-plan (ma mère a poussé un cri et fait des pas de danse sur le plancher du patio derrière leur maison où ils se trouvaient quand on les avait appelés). Puis ensuite les parents de Stéphane (tous les deux très heureux pour nous deux, François disant que, même si j’étais déjà membre de leur famille, ce serait maintenant officiel). Enfin, un appel à Marie-France, la sœur de Stéphane, et son conjoint Alex, pour les mettre dans le coup eux aussi.
Avant d’aller souper, nous avons aussi annoncé la nouvelle par textos à nos amis les plus proches. Le reste de la planète apprendrait la nouvelle quand nous aurions reçu les premières photos le lendemain.
Un délicieux plat de charcuterie nous attendait (nous avons tout mangé, sauf les olives), suivi d’une assiette de porc enrobé de bacon qui dépassait tout ce qu’on avait connu avant.
Notre table pour deux personnes faisait face, pour l’un d’entre nous, à des puits de lumière par lesquels on apercevait le lac et les montagnes. Pour l’autre, qui était face au mur, on pouvait voir de merveilleuses œuvres d’art (sur lesquelles nous avons cherché l’information et qui étaient bien trop chères pour nous). Nous avons partagé cette expérience visuelle en changeant de place entre les entrées et les plats principaux.
Et c’est comme ça que nous sommes aujourd’hui fiancés.
Et moi, l’homme le plus chanceux de la terre, je ne peux pas m’imaginer plus heureux.