
Le repaire de Rita
Vivre à Toronto peut être étouffant. Beaucoup de gens ressentent le désir d’avoir plus d’espace.
Pour moi, c’était assez spécial. Dans mon ancienne vie, j’avais accumulé beaucoup de choses. Beaucoup d’équipement audio-visuel, surtout. Entre mon rôle de d-j pour les danses de l’école, l’habitude que j’avais de fournir de l’équipement à tout le monde, ma participation à du théâtre communautaire, et toutes sortes d’autres événements spéciaux, j’avais amassé pendant toutes ces années une grande quantité de matériel.
Cet équipement remplissait à grands frais trois gros espaces d’entreposage à Toronto.
À chaque budget de fin de mois, on voyait que la location de ces espaces était la deuxième dépense mensuelle en importance. C’était pénible de voir autant d’argent consacré à chaque mois à l’entreposage.
Stéphane a été chargé de trouver un garage ou un hangar que nous pourrions acheter. On avait besoin d’un grand espace, tout en nous assurant que les versements mensuels pour l’achat seraient équivalents à ce qu’on déboursait en frais de location. Ce qu’on souhaitait, c’était de transformer cette dépense en un investissement.
On a tracé.la ligne dans un rayon de trois heures de notre lieu de résidence à Toronto. Toutes les propriétés qui avaient un garage ou un hangar étaient à considérer : des propriétés commerciales aux ateliers, en passant par les maisons de campagnes avec garage.
Stéphane a fini par trouver quelque chose … à Roblin en Ontario. Le hangar venait avec une maison et un assez grand terrain.
Notre vie en a été changée pour toujours.
Le moment était dramatique. On avait présenté notre offre d’achat, qui avait été acceptée, juste avant une sortie avec nos amis pour passer du temps dans une arcade de jeux.
C’est là, au bar de l’arcade, qu’une notification est tout à coup apparue sur nos téléphones. La NBA venait d’annuler un premier match de basketball en raison de la pandémie de COVID-19.
Dans les jours qui ont suivi, tout a fermé en hâte.
Nous avons été parmi les premiers à signer les documents d’achats en virtuel. Les premiers aussi à négocier l’hypothèque en ligne.
Mais nous l’avons eue, notre première propriété!
Ce qui avait d’abord été un garage pour entreposer les affaires d’Ian et une manière de transformer une dépense en investissement est vite devenu quelque chose de beaucoup plus précieux. C’est devenu notre place à nous, notre chez-nous.
Les deux années suivantes, marquées par les interdictions de voyager et les confinements, ont été consacrées à profiter de notre propriété, à entreprendre des projets et à faire de cet espace notre maison à nous.